Interview Rick Davies ( mai 2002 )
L'histoire sans fin de Supertramp
Même après le départ de Roger Hodgson, leur chanteur "
historique ", les Supertramp continuent à faire vivre sur scène
leur formidable aventure. Comme ce soir et demain soir, à Bercy. Rick
Davies, le nouveau leader, raconte...
Rick Davies , leader de Supertramp , s'étonne lui-même de la longévité
du groupe : " Nous avons toujours un public et il faut en profiter parce
que c'est incroyable après tant d'années d'activité. "
A voir Rick Davies et John Helliwell s'acquitter de leur devoir
de promotion, sourire aux photographes, répondre aux questions, on ne
peut s'empêcher de penser que les héros sont fatigués.
Respectivement auteur-compositeur-interprète et saxophoniste de Supertramp, ces deux quinquagénaires britanniques portent en effet, depuis le départ de la " voix " du groupe, Roger Hodgson, la suite de leur aventure sur leurs seules épaules, de tournées-souvenirs en albums-nostalgie.
N'empêche... " Slow Motion " (1), leur nouveau CD sorti en février et qu'ils défendront ce soir et demain sur la scène de Bercy, comporte au moins une bonne chanson : celle qui ouvre ce disque, lui donne son titre, et dans laquelle on retrouve quasi intact leur amour du jazz, du blues et du rhythm'n'blues, toujours soutenu par une mélodie raffinée.
Entretien avec Rick Davies, musicien las mais bien décidé à continuer de faire vivre, sur scène, cette historique machine à tubes.
Quelles sont vos motivations pour continuer après tant d'années
de carrière ?
Rick Davies. Rester créatif, continuer à faire de la musique. Nous avons toujours un public et il faut en profiter parce que c'est incroyable après tant d'années d'activité. Surtout en Europe, d'ailleurs, où les gens sont plus détachés de ces modes du moment qui visent avant tout les jeunes. Nous, notre seule publicité, c'est notre musique. Même si, parfois, elle est utilisée dans des films comme " Magnolias " ou, récemment, dans une pub pour une marque de vêtements. L'argent gagné avec ça, nous l'avons donné pour les victimes de l'attentat du World Trade Center.
Vous habitez d'ailleurs aux Etats-Unis, pas loin de New York...
Oui, à Long Island. Je n'ai presque plus de famille en Angleterre et
je me sens bien aux USA, où j'ai mes amis. C'est là où
" Slow Motion " a été en partie composé et enregistré,
dans ma maison. J'y ai travaillé tout seul. Quelques heures, puis je
me préparais une tasse de thé... Comme un écrivain, en
fait. Ça prend du temps, croyez-moi. De plus, en ce moment, je suis un
peu dépressif... Ensuite, j'ai envoyé les maquettes à John
Helliwell qui habite dans le Yorkshire, en Angleterre. Le tout a été
ensuite finalisé à Los Angeles.
" Nous prenons simplement plaisir à enregistrer des disques, pas
trop vite "
Pensez-vous qu'un groupe comme Supertramp ait encore sa place aujourd'hui ?
Ceux qui nous ont donné envie de faire de la musique à la fin des années soixante étaient des groupes comme Traffic, Jethro Tull ou encore King Crimson. Grâce à eux, j'ai pu m'imaginer que Supertramp pouvait trouver sa place. Puis, dans les années soixante-dix, le punk est venu balayer tout ça. Après les Beatles, de toute façon, que faire ? A l'époque, nous en étions tous conscients et courions sans cesse après leur perfection. Aujourd'hui, nous prenons simplement plaisir à faire vivre notre répertoire sur scène, pas trop souvent, et à enregistrer des disques, pas trop vite.
Quelles sont vos relations avec votre ex-chanteur, Roger Hodgson ?
Je sais qu'il habite en Californie et qu'il est en quête permanente de je ne sais quoi. Lui-même, je crois, ne le sait pas très bien. Peut-être, un jour, nous nous retrouverons, mais c'est improbable. C'est un très bon chanteur et un très bon compositeur, avec une sensibilité très pop, et nos deux voix s'accordaient bien. C'était un peu notre Paul McCartney, même si je suis bien conscient que je n'arrive pas à la cheville de John Lennon...
(1) " Slow Motion " (disques Capitol)
Le Parisien , lundi 06 mai 2002
Voir les dates de la tournée 2002