Interview de Dougie Thomson ( bassiste de Supertramp de 1974 à 1988 ), du 17 juin 1998.
Qu'avez-vous fait pendant ces dix dernières années ? ( Rires ). Quand j'ai terminé la tournée 1988 de Supertramp; ce qui à mon avis était une erreur, je n'aurais jamais du la faire, ce n'était pas bien d'y être sans Roger Hodgson; je suis resté complètement à l'écart de l'industrie musicale pendant deux ans. La tournée avait été une bataille constante dans pleins de domaines et je souhaitais un changement significatif. Une de mes passions dans la vie est de faire de la voile et des courses de yachts. J'ai eu la chance de côtoyer de formidables navigateurs. Ils m'ont donné l'opprtunité de voyager dans de très nombreux endroits à travers le monde et de courir avec eux. J'ai passé presque 18 mois à ne faire que ça. Naviguez-vous encore ? Oui, je me prépare à entamer ma onzième année de participation à la course Chicago-Mackinaw. Je ne navigue plus autant qu'avant, je n'ai pas le temps. Avez-vous déjà couru pour la coupe de l'America ? Non, je n'ai jamais couru pour la coupe de l'America. j'ai participé à une course appelée "The Class A Association", qui comportait des bateaux de 25 mètres. Grâce à ces courses, j'ai eu la chance de naviguer avec Jim Kilroy, un navigateur très connu. Faire de la voile a été un bon moyen pour moi de changer de direction. Au milieu de tout ça, j'essayais de décider ce que j'allais faire après. J'ai toujours conservé un intérêt pour ce qui permet de créer un groupe au sein de l'industrie musicale; c'était mes tendances. J'avais un couple d'amis navigateurs qui étaient aussi dans le business musical. Ils m'ont suggéré de les rejoindre et de faire quelquechose avec eux. Et c'est ainsi que je me suis retrouvé à avoir une co-entreprise avec Warner/Chapell music et Warner Brothers Records, ainsi que pour une compagnie de management qui gère les intérêts de quelques jeunes groupes de Chicago. Comment est-ce qu'un écossais qui aime la voile se retrouve à Chicago ? A l'époque, j'avais terminé mes tournées avec Supertramp, j'étais fiancé avec une jeune femme qui était de Chicago. On s'est marié en juillet et nous avons décider de venir habiter ici. A vrai dire, nous nous étions mariés en plein préparatif pour une course du championnat du monde. Vos commentaires sur la tournée 1988 de Supertramp sont fascinants. Quelle était la différence entre les deux tournées 1986 et 1988 sans Roger Hodgson ? 1986 était un style différent. La dynamique était différente. Nous n'avons joué aucune chanson de Roger. Nous explorions une nouvelle voie pour Rick Davies. Il n'y avait pas de malentendu dans mon esprit. C'était intéressant de jouer avec un groupe d'autres musiciens, mais il est devenu apparent sur cette tournée que c'était Supertramp sans être Supertramp. Repartir à nouveau en 1988, en connaissant mon point de vue, fut probablement une erreur. Cependant, ça ne m'a pas pris longemps pour le reconnaitre. Je n'ai certainement pas apprécié la tournée de 1988 à plusieurs niveaux même en faisant un effort d'imagination. Cela n'a a pas du tout été une expérience plaisante pour moi. Pourquoi la tournée fut-elle une si mauvaise expérience pour vous ? C'était l'ambiance qui existait dans ce groupe. Il y avait beaucoup d'autres personnes impliquées et ce n'était pas pareil. C'était peu judicieux dans beaucoup de domaines. Certains des spectacles étaient très bons. On n'avait pas tout à fait raison de donner en exemple Rick Davies. ( rires ) Vous avez joué avec Roger, lors de quelques uns de ses concerts solos, pendant la tournée 1998. comment cela s'est-il passé ? Roger et moi avons toujours été très proches. Nos esprits se sont rencontrés dès le premier jour. Ça a été une chose très déchirante de pour moi, de ne plus le voir faire partie du groupe. Nous étions toujours en contact. Je pense qu'il aété le premier à admettre que j'étais très bon pour utiliser les instruments à cordes. Je suis toujours resté en contact pour m'assurer que ce qu'il faisait était bien. Je savais qu'il faisait sa tournée solo. quand cela a eu lieu, je ne savais aps si j'allais pouvoir le voir à Chicago, car ma femme était sur le point de quitter le pays pour quelques jours. Je suis allé à Milwaukee, la veille, le voir jouer. C'était super de tomber sur lui, ainsi que Ian Lloyd-Bisley et Tony Shepherd, qui y étaient vraiment pour quelque chose dans les années Supertramp. C'était un grand moment qui m'a permit de fair connaissance avec Andrew, le fils de Roger, qui est vraiment une personne formidable. Le matin suivant, ils sont venus et ont pris le petit déjeuner chez moi. On avait fini de jouer au foot dans le jardin et de se raconter des souvenirs, quand Roger m'a dit : "Pourquoi ne jouerais-tu pas deux chansons ?". J'ai pensé : "Je n'ai plus joué depuis 10 ans, je ne sais même pas si je vais me rappeler comment on joue." Roger a amené sa guitare et nous avons eu une défaillance sur deux chansons. Cette nuit-là, je me suis rendu à la maison du blues, ici, à Chicago et je suis monté sur scène pour jouer deux chansons.
Comment vous êtes-vous senti sur scène au côté de Roger ? C'était génial ! Roger était dans une forme extraordinaire. Il chante si bien. Je pense qu'il chante mieux qu'il ne l'a jamais fait, même lorsqu'il était dans le groupe. C'était fantastique de le voir. Je ne l'avais jamais vu en tant que spectateur. Se lever et jouer avec lui, m'a apporté toutes sortes de choses. Je pense qu'il admettra, que ça lui a donné un coup de fouet. Ce fut un bon moment pour nous deux. Ce n'était pas ce que j'ai joué de mieux dans ma vie (rires), mais le niveau d'enthousiasme y était. Ainsi, vous n'avez pas beaucoup joué de la basse en 10 ans ? Non, je n'avais pas joué du tout. J'avais perdu toutes mes sensations (rires). Evidemment, j'avais continué à jouer chez moi, mais pas avec beaucoup d'intensité. Quelles chansons avez-vous joué avec Roger ? Nous avons joué "Hide in your shell", "Logical song" et "Give a little bit". Est-ce que cela vous manque de jouer dans un groupe ? Non, jusqu'à ce que je passe quelques minutes avec Roger ( rires ). C'était magnifique de faire ce que j'ai fait. Cependant, j'apprécie vraiment ce que je fais en ce moment et je ne sais aps si je pourrais arrêter à 47 ans et me remettre dans la course. Je travaille avec beaucoup de gens d'une vingtaine d'années et je puise leur énergie. Je pense qu'ils utilisent mes années d'expériences. Nous avons un respect mutuel, les uns pour les autres et j'apprécie vraiment ce que je fais. Quelle est votre chanson préférée de Roger Hodgson, que se soit de ses albums solo ou avec Supertramp ? Il y a une chanson qu'il joue en ce moment sur scène qui s'appelle : "Death and a zoo". Je pense qu'elle est fantastique. Je pense même que c'est la meilleure chanson qu'il ait écrite depuis longtemps. Laissez-moi reformuler ça. C'est la meilleure chanson que j'ai entendu et qu'il ait écrite depuis longtemps. Je travaille avec ce jeune groupe de Chicago appelé "Extravery" et je les amenés au concert de la maison du blues. Ils m'ont dit : "Ouah! Cette chanson est extraordinaire." J'ai également amené un groupe de gens au concert de Minneapolis et ils ont tous réagis à cette chanson. Comment décriveriez-vous votre relation avec Roger ? Je n'ai que de l'affection pour Roger. On s'entend comme des frères. nous avons une grande affinité l'un pour l'autre. C'est malheureux, la façon dont cela s'est révélé. Je pense qu'il aurait du avoir plus de soutien dans son passé. J'ai voulu être celui qui lui donnerait ce soutien.. Quand Roger a quitté Supertramp, aviez-vous envisagé de partir avec lui ? Quand tout s'est désintégré, ce n'est pas vraiment comme ça que les choses se sont présentées. Roger et Rick étaient à un croisement de chemins. Rick souhaitait conserver le groupe ensemble et Roger voulait changer le groupe. Aussi, ce n'était pas un motif, pour moi de partir. Connaissant Roger, j'aurais du le savoir. Vous avez Roger change d'avis plus qu'il ne change de sous-vêtements. C'est simplement sa nature. Il a dit une chose magnifique l'autre nuit. Nous étions à Minneapolis et il essayait de décider s'il allait porter une oreillette. Ian lui a dit : "Tu sais Roger, c'est ton choix." Et Roger a répondu : "Je sais, c'est ça le problème." De toute façon de la manière dont ils se séparaient, ce n'était pas un problème à l'époque. Rick voulait vraiment Bob et moi à la section rythmique, mais Roger souhaitait vraiment un changement. C'est la façon dont ce moment particulier s'est passé. L'option n'était même pas envisageable. Pourquoi n'avez-vous pas joué sur le dernier album de Supertramp "Some things never change ?" En dix ans, je n'ai pas eu de conversations avec Rick Davies. J'ai eu des conversations constantes avec Bob Siebenberg. Je considère Bob, comme un de mes proches amis. Je pense qu'il dirait la même chose. Pendant toutes ces années, nous nous parlions tous les 15 jours. nous avons très bien communiqué. Cela a été beaucoup moins avec John Helliwell. John n'est pas très bon pour conserver des contacts. Le fait qu'il soit retourné en Angleterre a rendu la chose encore plus complexe. Etiez-vous intéréssé pour jouer que ce soit avec Roger sur "Rites of passage" ou Rick pour "Some things never change ?" Ce n'est pas quelque chose qui m'est venu à l'esprit. Je n'ai pas été consulté dans le premier cas. Je n'était pas vraiment passionné par la situation de Rick. Il y a des raisons politiques évidentes pour cela et aussi des raisons musicales. Rick savait que je faisait quelque chose d'autre. Avec Roger, je n'aurais pas pu lui accorder le temps nécessaire en dehors de ma vie pour être à Nevada City. Je ne savait pas vraiment où ce projet en était. J'avais planifié mon propre style de vie et une autre carrière pour moi. J'avais beaucoup de gens qui dépendaient de ce que je faisais. Quelle est votre opinion sur l'album de Supertramp "Some things never change ?" Je ne l'ai pas écouté. Vraiment ? Vous refuser de l'écouter ? Non Etes-vous curieux de l'écouter ? Je ne suis pas résolu à rabaisser Supertramp. Je n'ai pas écouté le disque, mais je savais que Rick en tant que musicien ferait un travail fantastique. Je sais que Bob Siebenberg n'aurait pas joué dessus si ça avait été de la merde. Aussi, je suis sûr que c'était un bon album. Que pensez-vous de "Rites of passage ?" Je le vois comme un véhicule nécessaire pour permettre à Roger de revenir et de travailler. Je pense que cet album a servi son propos. Je ne l'aime pas en tant que disque. pour un collectionneur, il présente quelques points intéressants. Cela mérite crédit, pour lui permettre de continuer. Que pensez-vous du fait qu'il ait inclus des chansons de Supertramp ? ( Rires ). C'est ce qu'il a choisi de faire. Je peux comprendre pourquoi, il a mélangé l'ancien et le réçent. Que pensez-vous du fait que Supertramp ait appelé leur dernière tournée une "réunion" ? J'ai pensé que c'était trompeur. J'ai eu cette discussion avec John et Bob. Que vous-ont-ils dit ? Ils étaient d'accord avec moi. Pour être honnête, je pense qu'ils viennent d'un point de vue musicien. Ils se sont retrouvés avec Rick et ont passé un bon moment à jouer de la musique avec lui. C'était là qu'était leur but. Je leur ai dit : "Si vous pouvez le faire pour l'aspect musical, c'est bien. Ils ont été capable de se protéger vis-à-vis de toutes les politiques, ce que je n'aurais pas pu faire, d'où ma distance par rapport à cela. Est-il vrai que vous étiez brouillé avec Rick Davies ? Non, nous n'étions pas brouillés. Comme vous savez, Rick est managé par sa femme. Je ne pense pas que ce soit une situation facile pour discuter avec. Tout le monde n'est pas au courant de mes sentiments à ce sujet. Je ne voulais pas être impliqué là-dedans, et ils ne voulaient pas me voir impliqué. Aussi, c'était plus simple. Supertramp, dans mon esprit, quand il s'agissait des cinq gars et de Dave Margereson comme manager, c'était un grand plaisir. Et pas seulement ces personnes, mais le système de support derrière tout cela. C'était formidable. Nous avons eu une belle période. C'est vraiment dur de revenir, quand vous avez vécu une si grande aventure. C'est comme ça que c'était. Bob et moi, avons passés les meilleurs moments à jouer ensemble. Il a dit que c'était vraiment difficile pour lui de jouer sans moi à ses côtés. J'ai parlé à Bob quand j'étais au Canada. Je sais que dans son coeur, il aimerait jouer avec Roger. Pourquoi n'avez-vous pas parlé à Rick depuis dix ans ? J'ai essayé plusieurs fois. Il semblait toujours qu'il était protégé par quelquechose qu'il cachait derrière lui. Je ne sais pas. Quelle est votre opinion sur le dénigrement de la tournée solo de Roger sur le site Web de Supertramp ? J'ai pensé que c'éait hystérique. Ce n'était pas une attitude positive. Je ne vois pas Roger comme une menace envers ce qu'ils font. Je considère Roger comme une formidable partie de l'héritage. Pour moi, on doit lui apporter du soutien. Quand Roger a quitté Supertramp en 1983, il revendiquait le fait que Rick lui avait promis de ne pas jouer ses chansons en concert. Etiez-vous au courant d'un tel accord ? C'était ce que j'avais cru comprendre, mais personne excepté Rick et Roger n'ont participé à cette conversation. Encore que ce ne sont que des rumeurs. Après que Roger ait quitté le groupe en 1983, quand est-ce que le groupe a joué pour la première fois ses chansons ? Pendant les répétitions, lors de la tournée 1988 au Brésil. Pourquoi le groupe avait-il décidé de faire cela ? Il y avait beaucoup de pression, car les gens s'attendait à entendre ses chansons. En quoi cela était-il différent de la tournée de 1986 ? A l'époque, ce n'était pas une préoccupation. Qu'est-ce qui en a fait une préoccupation en 1988 ? La préssion extérieure, je pense. Le fait que nous jouions au Brésil, devant 130.000 personnes qui n'avaient jamais vu Supertramp. Quel était votre position ? J'aurais probablement du mieux le savoir. Je savais que ça serait une chose terrible pour Roger. J'aurais aimé être plus fort à l'époque et dire : "Vous savez quoi, ce n'est vraiment pas bien." Etiez-vous au courant des combats de Roger en 1987 et 1996 ? Nous avions l'habitude de parler souvent. Il est passé à travers tant de choses. Je n'était pas là, chaque jour pour lui, mais nous avons parlé. Qu'avez-vous pensé du travail de Rick et Roger au début des années 90 ? Mon opinion était que cela n'arriverait jamais. Je connaissais les obstacles. Et même si les obstacles avaient étaient supprimés pour un moment, ils auraient à nouveau refait surface. Donc vous étiez quasiment sûr qu'un album n'en sortirait pas ? Absolument. J'aurais parié ça. Beaucoup de gens de l'industrie m'ont dit : "Ils sont de nouveau ensemble !" J'ai dit : "Je ne parirais pas votre argent sur ça, car ça n'arrivera pas. Je pense que c'était plutôt judicieux. A aucun moment, je n'ai été consulté par Rick et Roger. Si j'avais été consulté, j'aurais été très heureux de donner mon avis. Quelle est votre vie aujourd'hui en tant que consultant ? Ma vie est très intense. Aujourd'hui, je travaille pour Warner Bros et Warner/Chapell Music, ainsi que pour la compagnie de management pour laquelle je consulte. nous somme en train de finir de mixer un disque. Vous voyez-vous encore consultant pour longtemps ? ( Rires ). Je suis trop occupé pour penser pendant combien de temps encore je continuerai à le faire.
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